Love Is All Around

DISCLAIMER J’ai ce billet dans la tête depuis quelques temps déjà. Il a été sans cesse repoussé pour de fallacieuses raisons (des sujets qui paraissaient plus enthousiasmants sur le moment, la flemme d’entamer un post à une heure du matin, etc.). Malheureusement, alors qu’il devait être assez intemporel, l’annonce aujourd’hui de la séparation de R.E.M. en fait quasiment un sujet d’actualité.

Une reprise c’est facile. Tu trouves une chanson. De préférence pas trop pourrie. Et même, si c’est déjà un tube c’est bien aussi. Et puis tu la rejoues. Mais parfois, ça se joue à pas grand-chose, la reprise touche au sublime. Et «Love Is All Around», jouée par R.E.M. pendant leur MTV Unplugged de 1991 est la meilleure reprise du monde. Je le sais, c’est marqué dans le titre de la vidéo sur Youtube. Et c’est vrai.

Il faut beaucoup de chance pour réussir une reprise. C’est un truc un peu magique. La tablature trouvée sur Ultimate Guitar ne suffira probablement pas. Une reprise, ce n’est pas juste rejouer note pour note un morceau. Au mieux, tu vas réussir et ce sera juste vain. Et si tu te rates…

Réussir une reprise, c’est se l’approprier. Ce qui nécessite déjà d’avoir un univers musical. Ça permet de faire le tri. C’est pour ça que les meilleurs reprises sont souvent l’œuvre de groupes pas trop mauvais à la base avec leurs propres chansons. Au débotté, on pourra citer «Hey Joe» du Jimi Hendrix Experience (c’est une reprise. Google sait une reprise de qui. Moi pas). Les derniers albums de Johnny Cash sont essentiellement constitués de reprises merveilleuses comme le divin «Hurt», emprunté à Nine Inch Nails. Nirvana, qui a fait découvrir «Where did you sleep last night» a un paquet d’adolescents devenus vieux (c’est de vous, que je parle, oui) a parsemé son «Unplugged In New York» de reprises comme «Jesus Don’t Want Me For A Sunbeam» des Vaselines. Qui peuvent remercier Kurt Cobain.

Lors de son MTV Unplugged de 1991, R.E.M. va, comme tout le monde, sortir quelques reprises de son chapeau. «Moon River» (de Henry Mancini, sur la BO de «Breakfast at Tiffany’s») est une des chansons les plus reprises du monde (source : moi). «One» de U2 est une énorme faute de goût (vous allez faire comme si je ne vous en avais pas parlé). Et «Love Is All Around», donc. «Love Is All Around» est une chanson des Troggs, qui a connu son petit succès en 1967 en entrant dans le Top 10 des charts US et UK. Mais toi tu la connais parce que Wet Wet Wet en a fait une espèce de truc larmoyant sur la BO de «Quatre Mariages et Un Enterrement». Et tu as aimé, ça, avoue. Tu étais jeune. Mais quand même.

R.E.M. a joué «Love Is All Around» comme ils auraient joué une de leurs propres chansons. Avec Mike Mills (le (génial) bassiste) au chant. Michael Stipe se contente de faire paa papapapa pa pa pa pendant trois minutes. Et il y a de la mandoline, aussi (nous sommes en 1991, Peter Buck met de la mandoline partout). Et ce sont ces ingrédients improbables (papapapa et mandoline, donc) qui rendent la chanson belle. (Qu’est-ce que c’est que cette phrase larmoyante ? On dirait du Wet Wet Wet.).

Trêve de bavardages. «Love Is All Around»