J’ai acheté des disques (sur Amazon)

J’aime bien acheter des disques. Des trucs ronds en plastique, dans un emballage en plastique. Enveloppé dans un film en plastique. Dans des magasins. Des vrais, avec des murs, des caisses et des vendeurs.

Si on compare à mes folles années d’étudiant, pendant lesquelles une ligne sur deux de mon relevé bancaire témoignait de mon attirance irrépressible et compulsive pour les disques, je ne suis plus vraiment un bon client. N’empêche que, quand l’envie m’en prend, j’aime bien pouvoir acheter ce que je veux. Et vite (c’est pour ça qu’un dimanche, j’ai acheté un album sur iTunes. C’était «Them Crooked Vultures» de, euh, Them Crooked Vultures. J’ai trouvé ça nul, y avait pas de livret, ni de pochette. Rien. La musique était pas mal, sinon. En même temps, y a Dave Grohl et Josh Homme dans le groupe, donc bon. Elle est longue cette parenthèse, hein ?).

Donc aujourd’hui, j’ai foncé, à l’heure de la pause repas, ce truc qui ne sert à rien, à la FNAC. La nouvelle FNAC de Rennes, inaugurée en grandes pompes il y a quelques mois. Avec son très beau rayon Apple et tout. Et aussi un rayon disques. Petit. Tout petit. Ridicule, en fait, comparativement à la superficie générale du magasin. Je cherchais quatre disques : «Yoshimi Battles The Pink Robots» des Flaming Lips, «Absent Friends» de Divine Comedy et «Accelerate» et «Collapse Into Now» de R.E.M. (ne me blâme pas, ce sont les deux que je n’avais pas et je sais que c’est ridicule de les acheter maintenant, 24 heures après l’annonce). Et ils ont quoi à la FNAC parmi cette sélection pas vraiment hyper underground ? Un seul album, celui de Divine Comedy. À 21€. Bien décidé à repartir avec quatre disques ou rien, je ressors du magasin complètement zen.

Je ne suis pas super calme en sortant de la FNAC.

Je fonce donc chez Virgin. Un seul album disponible, «Collapse Into Now» de R.E.M. 16.90€ (tarif nouveauté. ah ah). Heureusement, 4 ans de pratique des arts martiaux (centure bleue de Judo, en primaire) m’ont forgé un mental d’acier.

Je ne suis pas super calme non plus en sortant de Virgin.

Résultat, j’ai passé commande sur Amazon, à peine revenu au bureau. Bien joué les gars. En fait, oui, bien joué. Faisons un peu de data journalisme, pour voir (en plus ça ne peut que jouer en faveur de ma crédibilité).

The Divine Comedy - «Absent Friends»

À la FNAC : 21€
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.80€

The Flaming Lips - «Yoshimi Battles The Pink Robots»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.31€

R.E.M. - «Accelerate»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 6.98€

R.E.M. - «Collapse Into Now»

À la FNAC : non
Chez Virgin : 16.90€
Sur Amazon : 15.61€

Voilà. En magasin, pour 37.90€ tu as deux disques, et tu es un peu énervé. Trois fois rien. Sur internet, pour 37.76€, j’ai eu mes quatre albums. Alors, oui, je vais les attendre quelques jours. Mais ce n’est pas si grave, finalement.

Love Is All Around

DISCLAIMER J’ai ce billet dans la tête depuis quelques temps déjà. Il a été sans cesse repoussé pour de fallacieuses raisons (des sujets qui paraissaient plus enthousiasmants sur le moment, la flemme d’entamer un post à une heure du matin, etc.). Malheureusement, alors qu’il devait être assez intemporel, l’annonce aujourd’hui de la séparation de R.E.M. en fait quasiment un sujet d’actualité.

Une reprise c’est facile. Tu trouves une chanson. De préférence pas trop pourrie. Et même, si c’est déjà un tube c’est bien aussi. Et puis tu la rejoues. Mais parfois, ça se joue à pas grand-chose, la reprise touche au sublime. Et «Love Is All Around», jouée par R.E.M. pendant leur MTV Unplugged de 1991 est la meilleure reprise du monde. Je le sais, c’est marqué dans le titre de la vidéo sur Youtube. Et c’est vrai.

Il faut beaucoup de chance pour réussir une reprise. C’est un truc un peu magique. La tablature trouvée sur Ultimate Guitar ne suffira probablement pas. Une reprise, ce n’est pas juste rejouer note pour note un morceau. Au mieux, tu vas réussir et ce sera juste vain. Et si tu te rates…

Réussir une reprise, c’est se l’approprier. Ce qui nécessite déjà d’avoir un univers musical. Ça permet de faire le tri. C’est pour ça que les meilleurs reprises sont souvent l’œuvre de groupes pas trop mauvais à la base avec leurs propres chansons. Au débotté, on pourra citer «Hey Joe» du Jimi Hendrix Experience (c’est une reprise. Google sait une reprise de qui. Moi pas). Les derniers albums de Johnny Cash sont essentiellement constitués de reprises merveilleuses comme le divin «Hurt», emprunté à Nine Inch Nails. Nirvana, qui a fait découvrir «Where did you sleep last night» a un paquet d’adolescents devenus vieux (c’est de vous, que je parle, oui) a parsemé son «Unplugged In New York» de reprises comme «Jesus Don’t Want Me For A Sunbeam» des Vaselines. Qui peuvent remercier Kurt Cobain.

Lors de son MTV Unplugged de 1991, R.E.M. va, comme tout le monde, sortir quelques reprises de son chapeau. «Moon River» (de Henry Mancini, sur la BO de «Breakfast at Tiffany’s») est une des chansons les plus reprises du monde (source : moi). «One» de U2 est une énorme faute de goût (vous allez faire comme si je ne vous en avais pas parlé). Et «Love Is All Around», donc. «Love Is All Around» est une chanson des Troggs, qui a connu son petit succès en 1967 en entrant dans le Top 10 des charts US et UK. Mais toi tu la connais parce que Wet Wet Wet en a fait une espèce de truc larmoyant sur la BO de «Quatre Mariages et Un Enterrement». Et tu as aimé, ça, avoue. Tu étais jeune. Mais quand même.

R.E.M. a joué «Love Is All Around» comme ils auraient joué une de leurs propres chansons. Avec Mike Mills (le (génial) bassiste) au chant. Michael Stipe se contente de faire paa papapapa pa pa pa pendant trois minutes. Et il y a de la mandoline, aussi (nous sommes en 1991, Peter Buck met de la mandoline partout). Et ce sont ces ingrédients improbables (papapapa et mandoline, donc) qui rendent la chanson belle. (Qu’est-ce que c’est que cette phrase larmoyante ? On dirait du Wet Wet Wet.).

Trêve de bavardages. «Love Is All Around»