The Lost Art of Making a Mixtape

«A good compilation tape, like breaking up, is hard to do and takes ages longer than it might seem. You’ve got to kick off with a killer, to grab the attention. Then you’ve got to take it up a notch, or cool it off a notch…oh, there are a lot of rules.»

― Nick Hornby, High Fidelity

Dans la longue liste madeleine de proustienne des trucs que les jeunes d’aujourd’hui ne connaitront jamais, je voudrais la mixtape… Cette compilation de chansons choisies avec amour, dans l’espoir, rarement récompensé, avouons-le, d’attirer l’attention d’un membre du sexe opposé (ou identique).

Une cassette vierge

Combien d’heures passées à chercher dans une pile de disques les parfaites perles pop, celles qui s’écoutent comme un Sunday se mange, dont les paroles, murmurées par un songwriter à tendance suicidaire, sauront transmettre à l’oreille attentive le message qu’une infranchissable timidité empêche le compilateur trop sensible de prononcer. Le tout avec un peu de subtilité, ce qui explique le peu de succès de «I Want Your Sex» de George Michael dans cet exercice.

Combien d’heures passées à se demander s’il vaut mieux mettre «Seeing Other People» de Belle and Sebastian avant ou après «The Flowers of Guatemala» de R.E.M. ?

Combien d’heures passées au téléphone, celui avec un cadran et un fil qui se tortille, à appeler, en tournant les feuilles du répertoire (celui avec le bord des pages découpé comme un virage en épingle à cheveux, pour que l’on puisse facilement retrouver les lettres de l’alphabet) à appeler tous les copains pour en trouver un qui aurait le 45 tours de «Hotel California» ou «Don’t Cry». Pas le genre de chanson sur lequel on pose les bases d’une relation solide, sauf à la voir marquée du sceau infamant du mauvais goût et du rock FM. Mais ça, à l’époque, personne ne nous l’avait dit.

Ce parcours du combattant achevé, il fallait ensuite copier une à une les chansons, succession répétitive de RECORD – PLAY – PAUSE – STOP – EJECT… Les plus extrémistes, une fois la face A enregistrée, démontaient la cassette pour couper la longueur de bande inutile et s’assurer qu’il n’y aurait pas 10 minutes de blanc à passer en avance rapide avant de démarrer la lecture de la face B. Une délicate attention malheureusement condamnée à passer inaperçue.

Avouons-le, même moi je n’ai pas vraiment connu cette époque. Quand je me suis lancé dans les compilations maison, la cassette était déjà bien morte et les graveurs de CD se démocratisaient. La partie manuelle du travail se résumait à quelques «glisser / déposer» du dossier mp3 vers la fenêtre du logiciel de gravure, Nero Burning ROM (Néron. Brûler. Rome. Il y a un jeu de mot). En échange de la perte d’une certaine dimension poétique de ce travail d’orfèvre, l’esthète qui sommeille en chaque amoureux (ou presque…) disposait de 144cm2 de liberté pour tenter de créer une pochette à la hauteur de son contenu.

Des pochettes artisanales de CD

Ouais, je fais mon vieux con, sur l’air de c’était mieux avant. Et tu te dis que j’ai l’air bien trop jeune pour ça. C’est gentil mais la photo en bas de l’article date un peu. OK, tu es allé regarder la photo. Et tu es revenu, c’est déjà ça. Je fais mon vieux con, donc, disais-tu… (En fait, je sais que c’est moi qui le disais, ne vas pas poser trop vite de diagnostic sur mon état mental.) Sauf que, crois-moi, C’ÉTAIT MIEUX AVANT. Pas pour tout, hein. Mais pour ça.

Fini le romantisme, le cloud a tout emporté. Plus besoin, aujourd’hui de chercher parmi des CD éparpillés en piles de hauteurs variables à l’équilibre précaire ou bien consciencieusement classés (par ordre alphabétique puis chronologique). Plus besoin d’acheter des CD-R (qui achète encore des CD «gravables» ?). Plus besoin de feuilleter de vieux numéros des Inrocks pour trouver la photo qui, découpée, servira de base à la pochette parfaite.

Aujourd’hui, tous les morceaux du monde sont disponibles sur Spotify. Non que je m’en plaigne : c’est pratique, Spotify, pour trouver ce morceau qu’on a envie d’écouter, là, maintenant, et qu’on n’a pas acheté. Et que de toute façon on n’achètera jamais, l’album est nul, tu l’as lu sur un blog. Ou alors pour écouter de la musique, au boulot, sans amener une dizaine de CD tous les matins.

Avec Spotify, en plus, on peut faire des playlists. Et on peut les partager. C’est plutôt pratique, en soi. On peut récupérer la playlist XFM top 1000 of all time et écouter 882 morceaux pop/rock pendant 2 jours. Mais franchement, tu te vois coller ton lien Spotify dans Facebook comme un vulgaire poke ? Et tu imagines vraiment que la fille, là (ou le mec, hein, n’essaie pas de ruiner mon raisonnement), va se dire «Oh, quelle délicate attention, il a probablement passé tout son dimanche à faire ça rien que pour moi !» ? Alors que, si ça se trouve, tu l’as balancé à 79 meufs identifiées comme potentiellement célibataires, parce que là on est samedi et qu’il 19 heures. [Note pour plus tard : trouver un jeu de mot avec célibatard, essayer de le revendre à un humoriste connu] [Bof, Booba l’a probablement déjà fait] Tu le vois, dans ta playlist, le romantisme ? La délicatesse de l’orfèvre ?

Spotify, c’est Henry Ford, la production de masse et la distribution à grande échelle. Imaginez : on peut créer une playlist (une sorte de mixtape de bas étage, donc) et la partager, ni vu ni connu avec tout un tas d’inconnus (ou de connus, d’ailleurs), sans effort supplémentaire. Comme ça. Voilà, c’est fait. Avec le streaming, l’art délicat et romantique de la compilation passe de l’artisanat à l’industrialisation. Et perd en chemin sa grâce et sa noblesse.

«I spent hours putting that cassette together. To me, making a tape is like writing a letter – there’s a lot of erasing and rethinking and starting again, and I wanted it to be a good one…»

― Nick Hornby, High Fidelity

J’ai acheté des disques (sur Amazon)

J’aime bien acheter des disques. Des trucs ronds en plastique, dans un emballage en plastique. Enveloppé dans un film en plastique. Dans des magasins. Des vrais, avec des murs, des caisses et des vendeurs.

Si on compare à mes folles années d’étudiant, pendant lesquelles une ligne sur deux de mon relevé bancaire témoignait de mon attirance irrépressible et compulsive pour les disques, je ne suis plus vraiment un bon client. N’empêche que, quand l’envie m’en prend, j’aime bien pouvoir acheter ce que je veux. Et vite (c’est pour ça qu’un dimanche, j’ai acheté un album sur iTunes. C’était «Them Crooked Vultures» de, euh, Them Crooked Vultures. J’ai trouvé ça nul, y avait pas de livret, ni de pochette. Rien. La musique était pas mal, sinon. En même temps, y a Dave Grohl et Josh Homme dans le groupe, donc bon. Elle est longue cette parenthèse, hein ?).

Donc aujourd’hui, j’ai foncé, à l’heure de la pause repas, ce truc qui ne sert à rien, à la FNAC. La nouvelle FNAC de Rennes, inaugurée en grandes pompes il y a quelques mois. Avec son très beau rayon Apple et tout. Et aussi un rayon disques. Petit. Tout petit. Ridicule, en fait, comparativement à la superficie générale du magasin. Je cherchais quatre disques : «Yoshimi Battles The Pink Robots» des Flaming Lips, «Absent Friends» de Divine Comedy et «Accelerate» et «Collapse Into Now» de R.E.M. (ne me blâme pas, ce sont les deux que je n’avais pas et je sais que c’est ridicule de les acheter maintenant, 24 heures après l’annonce). Et ils ont quoi à la FNAC parmi cette sélection pas vraiment hyper underground ? Un seul album, celui de Divine Comedy. À 21€. Bien décidé à repartir avec quatre disques ou rien, je ressors du magasin complètement zen.

Je ne suis pas super calme en sortant de la FNAC.

Je fonce donc chez Virgin. Un seul album disponible, «Collapse Into Now» de R.E.M. 16.90€ (tarif nouveauté. ah ah). Heureusement, 4 ans de pratique des arts martiaux (centure bleue de Judo, en primaire) m’ont forgé un mental d’acier.

Je ne suis pas super calme non plus en sortant de Virgin.

Résultat, j’ai passé commande sur Amazon, à peine revenu au bureau. Bien joué les gars. En fait, oui, bien joué. Faisons un peu de data journalisme, pour voir (en plus ça ne peut que jouer en faveur de ma crédibilité).

The Divine Comedy - «Absent Friends»

À la FNAC : 21€
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.80€

The Flaming Lips - «Yoshimi Battles The Pink Robots»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.31€

R.E.M. - «Accelerate»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 6.98€

R.E.M. - «Collapse Into Now»

À la FNAC : non
Chez Virgin : 16.90€
Sur Amazon : 15.61€

Voilà. En magasin, pour 37.90€ tu as deux disques, et tu es un peu énervé. Trois fois rien. Sur internet, pour 37.76€, j’ai eu mes quatre albums. Alors, oui, je vais les attendre quelques jours. Mais ce n’est pas si grave, finalement.

Love Is All Around

DISCLAIMER J’ai ce billet dans la tête depuis quelques temps déjà. Il a été sans cesse repoussé pour de fallacieuses raisons (des sujets qui paraissaient plus enthousiasmants sur le moment, la flemme d’entamer un post à une heure du matin, etc.). Malheureusement, alors qu’il devait être assez intemporel, l’annonce aujourd’hui de la séparation de R.E.M. en fait quasiment un sujet d’actualité.

Une reprise c’est facile. Tu trouves une chanson. De préférence pas trop pourrie. Et même, si c’est déjà un tube c’est bien aussi. Et puis tu la rejoues. Mais parfois, ça se joue à pas grand-chose, la reprise touche au sublime. Et «Love Is All Around», jouée par R.E.M. pendant leur MTV Unplugged de 1991 est la meilleure reprise du monde. Je le sais, c’est marqué dans le titre de la vidéo sur Youtube. Et c’est vrai.

Il faut beaucoup de chance pour réussir une reprise. C’est un truc un peu magique. La tablature trouvée sur Ultimate Guitar ne suffira probablement pas. Une reprise, ce n’est pas juste rejouer note pour note un morceau. Au mieux, tu vas réussir et ce sera juste vain. Et si tu te rates…

Réussir une reprise, c’est se l’approprier. Ce qui nécessite déjà d’avoir un univers musical. Ça permet de faire le tri. C’est pour ça que les meilleurs reprises sont souvent l’œuvre de groupes pas trop mauvais à la base avec leurs propres chansons. Au débotté, on pourra citer «Hey Joe» du Jimi Hendrix Experience (c’est une reprise. Google sait une reprise de qui. Moi pas). Les derniers albums de Johnny Cash sont essentiellement constitués de reprises merveilleuses comme le divin «Hurt», emprunté à Nine Inch Nails. Nirvana, qui a fait découvrir «Where did you sleep last night» a un paquet d’adolescents devenus vieux (c’est de vous, que je parle, oui) a parsemé son «Unplugged In New York» de reprises comme «Jesus Don’t Want Me For A Sunbeam» des Vaselines. Qui peuvent remercier Kurt Cobain.

Lors de son MTV Unplugged de 1991, R.E.M. va, comme tout le monde, sortir quelques reprises de son chapeau. «Moon River» (de Henry Mancini, sur la BO de «Breakfast at Tiffany’s») est une des chansons les plus reprises du monde (source : moi). «One» de U2 est une énorme faute de goût (vous allez faire comme si je ne vous en avais pas parlé). Et «Love Is All Around», donc. «Love Is All Around» est une chanson des Troggs, qui a connu son petit succès en 1967 en entrant dans le Top 10 des charts US et UK. Mais toi tu la connais parce que Wet Wet Wet en a fait une espèce de truc larmoyant sur la BO de «Quatre Mariages et Un Enterrement». Et tu as aimé, ça, avoue. Tu étais jeune. Mais quand même.

R.E.M. a joué «Love Is All Around» comme ils auraient joué une de leurs propres chansons. Avec Mike Mills (le (génial) bassiste) au chant. Michael Stipe se contente de faire paa papapapa pa pa pa pendant trois minutes. Et il y a de la mandoline, aussi (nous sommes en 1991, Peter Buck met de la mandoline partout). Et ce sont ces ingrédients improbables (papapapa et mandoline, donc) qui rendent la chanson belle. (Qu’est-ce que c’est que cette phrase larmoyante ? On dirait du Wet Wet Wet.).

Trêve de bavardages. «Love Is All Around»

You All Sound The Same To Me

Où l’on aurait pu citer Joseph Macé-Scaron, mais franchement, ce serait un peu minable. Et puis je l’aime bien, moi, Macé-Scaron. Il a l’air sympa. Mais vraiment, quoi. Nan, laisse tomber.

Composer des chansons, les plus grands scientifiques l’ont dit, vous rendra irrésistible auprès des membres du sexe opposé. Si, c’est vrai : ils l’ont même dit tout à l’heure dans Bref (la série). (Ouais, vas-y, tu peux regarder l’épisode, mais tu reviens). (C’était bien ?) (Vous aussi vous trouvez que je mets trop de parenthèses ? C’est un défaut à moi que j’ai.)

Bon, même moi je ne sais plus où j’en étais, donc te fatigue pas à relire, je résume :

  • Les scientifiques l’ont dit : «Écrire des chansons, c’est cool.»
  • Mais le poète a un peu contrebalancé ça en précisant au novice que, écrire des chansons c’est dur : «J’ai trop saigné. Sur les Gibson» (Jean-Jacques Goldman, ouais, je fais ça pour élargir l’audience du blog).

Et pourtant, j’en connais qui se donnent moins de mal que les autres. Qui recyclent le mal que les autres se sont donnés. Oui, tu vois où je veux en venir et je vois l’opprobre dans tes yeux, prête à se jeter sur les ignobles coupables. Médite un peu sur cette image, veux-tu. Tu la vois, l’opprobre tapie dans les yeux ?

Alors, je sais, avec un nombre de notes limité, on ne peut composer qu’un nombre limité de mélodies. Sauf à envisager des mélodies composées d’un nombre de notes illimité, mais là, vous êtes tordus, quand même. Et non, je n’ai pas de preuve. Et oui, parfois le hasard. Et bon, le doute devrait profiter à l’accusé. Mais si tu crois que ça va m’empêcher d’en dénoncer quelques-uns en place publique. Ah ah.

Surtout que découvrir un honteux plagiat, du genre note-à-note, vraiment tout pareil, ça ne se fait pas sans un petit pincement en coeur, un brin de colère ou un sentiment de déception. Ouais, mec : tu as été trahi par un petit rigolo qui se croyait plus malin que toi. Mais bon, on peut la faire à l’envers à un directeur artistique de chez Universal, qui n’y connait rien en musique (y avait pas «Musique» donc son école de commerce de province à 30 plaques) (je ne sais pas ce que ça fais «30 plaques», mais tu vois le genre). Mais toi, c’est autre chose.

Pourtant au début, tu l’aimais bien, cette chanson. Même, tu avais appris à la jouer à la guitare. C’était la seule qu’on pouvait jouer à la guitare acoustique, comme ça, en solo. Elle s’appelait «Run Wild» et c’était la dernière chanson de «Get Ready» l’album de New Order sorti en 2001.

Pochette de l'album Get Ready par New Order

Elle est bien, hein ? Mais un jour j’ai entendu ça :

Ouais, elle est bien aussi. Tu m’étonnes, c’est les mêmes couplets. La guitare, la mélodie vocale. Même le mini-riff pour commencer. Et «Testimony» de Grant Lee Buffalo est sorti en 1998, sur l’album «Jubilee». Bon, tu as failli te faire avoir, tu es un peu vénèr’. Mais parfois, tu es vraiment très énervé. Quand une chanson que tu adores, une perle injustement méconnue, se retrouve copiée sans vergogne.

Cette chanson c’est «88-92-96» de SIX.BY SEVEN. Cette chanson est belle, c’est tout. Elle est sortie en single en 1997 et tu peux la trouver sur leur album de 1998, «The Things We Make» (régulièrement disponible sur eBay pour une bouchée de pain).

Pochette de l'album The Things We Make de SIX.BY SEVEN

Tu peux la ré-écouter, je t’attends.

Tu as même la larme à l’œil. Non, ne te cache pas, ce n’est pas grave. J’aime bien les lecteurs sensibles. Et puis c’est quand tu vas voir ce que ces sagouins en ont fait que tu vas vraiment pleurer. Les méchants, là, c’est Hushpuppies. Ouais, des français. Leur single «Down Down Down» est basé sur le riff de SIX.BY SEVEN. Ça ne s’entend pas trop sur la version Radio edit. Mais dans la version originale, ils ont mis une intro. Ils auraient pu mettre un sample, ça aurait été plus vite au mixage.

Ouais, c’est dur. Alors, je sais, tu te dis que mon SIX.BY SEVEN, là, c’était pas non plus le carton du siècle, le hasard, tout ça. Déjà, je t’ai dit au début que je serais sans pitié, alors le hasard on va oublier. Et puis les gars de Hushpuppies, ils ont vaguement mon âge. Et si, à 20 ans, tu t’intéressais un peu à la musique (genre tu écoutais Lenoir et tu lisais les Inrocks, on n’est pas non plus aux tréfonds de l’underground) tu connaissais SIX.BY SEVEN. Et si tu as pompé «88-92-96», même pour en faire juste une intro (au contraire, d’ailleurs, c’est une circonstance aggravante d’avoir eu aussi peu de respect pour ces quelques notes de guitares qui sont plus belles qu’un paquet d’album que je connais) et bien tu es un gros minable. C’est tout. Mais c’est déjà la honte.

Voilà, comme d’hab je ne me suis pas (trop) relu, je te fais confiance pour signaler les fautes d’orthographe dans les commentaires, espèce de hater. Et si, toi aussi, ton cœur a saigné en attendant un plagiat mal déguisé par des imprudents, fais-toi plaisir : dénonce, personne ne t’en voudra.

The Last Goodbye [en mode gossip]

J’étais parti pour écrire 15 tweets, je me suis dit que ce serait plus simple de faire un post ici. Ce blog part vraiment dans tous les sens.

Hier soir, je suis tombé par hasard sur cette (formidable) version live de “The Last Goodbye” des Kills, postée sur Twitter.

Comme je me suis passé la vidéo en boucle, j’ai eu le temps de lire tous les commentaires sur Youtube (procrastination forever). Et les gens se demandent pourquoi Alison Mosshart semble prête à pleurer vers 1:50.

L’explication qui semble faire consensus (même si on n’en trouve aucune confirmation sur le reste des Internets) est que la chanson parle de Jack White (oui, le mec des White Stripes). Petit résumé de la chose :

  1. Au début de l’été, Jack White et Karen Elson ont divorcé. Ils ont même fait une fête pour annoncer ça, ce qui est, au choix, assez classe ou un peu barré).
  2. Karen Elson, mannequin de profession, avait sorti en 2010 un album solo, sur lequel figurait le titre “Cruel Summer”. Un morceau plutôt mauvais.

  1. Elle y raconte qu’une sorcière au cheveux noirs a ensorcelé son chéri. Vas-y, lis, c’est de la grande poésie.
  2. Alors, le petit Youtuber il cherche, dans sa tête, qui Jack White connait comme fille aux cheveux noirs susceptible de mettre en péril son foyer. On élimine directement Meg White, ils ont déjà divorcé il y a longtemps et en plus c’est sa soeur (ouais, je sais…). Il reste donc Alison Mosshart, la chanteuse des Kills mais aussi de The Dead Weather, l’autre groupe de Jack White.
  3. CQFD, c’est forcément ça, et d’ailleurs “The Last Goodbye” parle de lui et c’est parce qu’ils ne sont plus ensemble que VV pleure. Quadrature du cercle, théorème de Fermat et tutti quanti, pas la peine d’aller chercher plus loin.

Et nous, on en pense quoi ? Ben pas grand chose, si ce n’est qu’on se la ré-écouterait bien cette foutue chanson. En version guitare, pour changer.

Route du Rock 2011 : le samedi

Après un vendredi marqué par le beau temps et la prestation d’Electrelane (tu peux lire mon compte-rendu complètement objectif, pour voir comment c’était), retour au Fort de Saint-Père, sous la pluie, pour une soirée avec à l’affiche Blonde Redhead et The Kills, des habitués.

Vendredi, pas de live-tweet pour cause de réseau surchargé, samedi pas de live-tweet puisque la pluie a eu raison de mon iPhone. Tu pourras donc retrouver ici, en exclusivité mondiale, le live-tweet en différé des tweets que j’aurais essayé d’envoyer si mon iPhone s’était allumé. Je sais, ça fait rêver.

Still Corners

Une soirée à la Route du Rock, ça commence par un rituel immuable : d’abord la jambe droite acheter des jetons boisson, racheter un gobelet consigné parce qu’on a oublié de rapporter celui de la veille et faire un tour au merchandising. Un t-shirt des Kills plus tard (on ne se refait pas), Still Corners commence son concert. Les anglais de chez Sub Pop alignent les mignonnes compositions pop, avec quelques escapades plus bruyantes. C’est joli, plutôt calme et assez parfait pour un début de soirée…

Le tweet qui j’aurais essayé d’envoyer si mon iPhone avait mieux géré la pluie :
Tout va bien : la pluie est discrète et va probablement bientôt s’arrêter #rdr2011

Rattrapage : le concert de Still Corners filmé par Arte Live Web.

Low

Si le slowcore (Low fait du slowcore, mais ils ne veulent pas qu’on le dise) se caractérise par des tempos lents et des arrangements minimalistes, Low se distingue par les tempos mous et des arrangements inexistants. Retour immédiat sous la (grande) tente restauration pour se protéger de la pluie.

Le tweet qui j’aurais essayé d’envoyer si mon iPhone avait mieux géré la pluie :
Low c’est chiant comme la pluie. Je sais ce que je dis, il y a les deux en même temps, là. #rdr2011

Le truc entendu dans le public : «C’est quoi le groupe, là ? Low ? Ils portent bien leur nom.».

Rattrapage : Arte Live Web a filmé Low, et ils ont trouvé ça bien, en plus.

Cults

Avec leurs longues tignasse à faire pleurer de honte un groupe de Hard FM des années 80, Cults a le mérite d’afficher une certaine cohérence capillaire. Le quintette (les deux Cults sont accompagnés de trois musiciens) a aussi de vraies chansons hippie-pop (dont le tubesque Go Outside). Comme Electrelane la veille, ils ont l’air vraiment heureux d’être là. Ça tombe bien les gars, vous revenez quand vous voulez.

Rattrapage : c’est sur Arte Live Web, comme d’habitude, mais il va falloir patienter un peu pour que ce soit en ligne.

Blonde Redhead

Lors de leur précédent passage, en 2007, le concert de Blonde Redhead avait été interrompu par la pluie. En fait tout le festival avait été interrompu par la pluie, avec coupure d’électricité générale et public les pieds dans l’eau avec les éclairs qui tombent tout autour. Ambiance de fin du monde.

Quatre ans plus tard, le trio n’est sans doute pas dépaysé, au niveau humidité. Le public non plus, même si les nouveaux morceaux semblent plus calmes, avec moins de guitares. Les morceaux plus anciens s’enchainent toutes guitares dehors, pour le plus grand plaisir d’un Fort conquis. La soirée s’avance en tenant ses promesses.

Le morceau qu’ils ont oublié de jouer (et c’est un scandale) : Misery is a Butterfly.

Rattrapage : le concert de Blonde Redhead, c’est chez Arte Live Web, comme d’habitude.

Le camion qui pompe la flaque de boue

Le camion qui pompe la flaque de boue, au moins un truc que Rock en Seine ne nous piquera pas.

Dirty Beaches

Je ne connaissais pas Dirty Beaches avant de le voir annoncé dans la programmation du festival. La pluie aura eu raison de ma motivation, et son concert aura donc été honteusement passé au sec, sous la grande tente abritant le stand de Black Temple Food.

Rattrapage : Arte Live Web n’a pas filmé ce concert à priori…

The Kills

J’aime Les Kills. Vraiment. Beaucoup. En fait, pour te donner une idée de combien j’aime les Kills, j’ai pris une photo.

Mes disques des Kills...

Voilà, tu vois le genre.

Donc j’aime les Kills et j’attendais ce concert avec une certaine impatience. J’ai déjà pas mal vu le duo en concert, tu t’en doutes. Dans des grandes salles, dans des petites salles (sur le bord de la scène à l’Ubu à Rennes), à la Route du Rock, déjà. J’ai même fait la première partie des Kills, quand nous étions tous jeunes et que j’avais un groupe. Rock’n’roll.

Sans doute trop exigeant, j’avais été un peu déçu par leur dernier concert au Fort de Saint-Père. Surtout, j’ai vu sur Youtube des lives à la TV US où Alison était vraiment limite, niveau chant. Genre ce serait quelqu’un d’autre, je t’aurais dit qu’elle chantait faux. Comme c’est elle, on va dire «limite».

Le concert commence avec «No Wow«, exécuté vite et fort, sans surprise. Dès «Future Starts Slow» (un de mes morceaux préférés du nouvel album), tous les doutes sont levés : Alison chante parfaitement et le groupe est en forme. Le public aussi d’ailleurs et le concert est une longue trop courte montée en puissance, tout juste interrompue par un magnifique «The Last Goodbye». Ce morceau, peut-être le plus étonnant de l’album, tant il semble éloigné de ce que les Kills avaient pu faire auparavant (à part peut-être la deuxième partie de «I hate the Way You Love» sur «No Wow»), est un magnifique moment de calme avant la fin de la tempête, avec un «Fried My Little Brains», issu du premier album, dantesque.

La conclusion complètement objective : c’était génial

Le morceau qu’ils ont oublié de jouer (et c’est un scandale) : Cat Claw, mais bon, ils ne le jouent plus depuis, genre, 2007.

Rattrapage : Arte Live Web a filmé le concert des Kills, il sera bientôt disponible et tu pourras le regarder tous les matins avant d’aller bosser. Oui, il faudra te lever une heure plus tôt, mais ça vaut le sacrifice.

Battles

Comme tous les losers trempés par la pluie, nous avions déjà quitté le Fort quand Battles a commencé son set. Le temps de dégager quelques voitures coincées par la boue sur le parking (c’est pas qu’on soit très gentils, mais elles nous gênaient pour repartir) et nous entendrons les premières notes (lointaines) en fumant une cigarette dans nos vêtements secs (prévoyants, les gars). Dommage, il parait que c’était génial.

Le tweet qui j’aurais essayé d’envoyer si mon iPhone avait mieux géré la pluie :
Chaussettes sèches > everything else. #rdr2011

Route du Rock 2011 : le vendredi

Comme promis il y a quelque jours, j’ai tenté le live tweet de la première soirée de la Route du Rock. Mais, pour cause de réseau surchargé (j’imagine), tous mes tweets sont restés coincés dans l’iPhone… En exclusivité dans ce résumé de la première soirée, découvrez le live tweet en différé.

Même à l’heure, je suis en retard

Pour une fois, j’ai été un peu organisé et, ayant posé un jour de congé, je suis arrivé au Fort de Saint-Père à l’heure. Ce qui n’aura pas été suffisant pour voir le début du concert d’Anika, commencé trop vite après l’ouverture des portes, devant un public que j’imagine clairsemé. J’imagine, puisque je faisais encore la queue pour valider mon ticket, donc. Un ticket gracieusement offert par les gentils gens de Deezer, qu’ils soient ici remerciés.

Le tweet qui est passé, c’était le début de journée :
Le temps est bien sûr idéal au Fort de Saint-Père pour la Route du Rock. #commedhabitude #rdr2011

Anika

Une fois ces formalités expédiées, il me reste moins d’une demie-heure de ce premier concert. Ce qui, finalement, ne m’a pas réellement manqué. Les reprises chantées d’une voix à la limite de la justesse (fausse, donc) sur une orchestration “no-wave dépouillée” (molle, donc), ce n’est pas trop mon truc, en tout cas pas en ouverture de festival. Mais c’est parce que je suis un vieux con, moi j’aime bien les guitares. Avec distorsion.

Rattrapage : tu peux regarder le concert d’Anika, filmé par Arte Live Web

Sebadoh

De guitare et de distorsion, il est bien question avec Sebadoh. Pour le plus grand plaisir des trentenaires restés un peu bloqués dans un passé glorieux où c’était mieux avant, Sebadoh, trio guitare / basse / batterie en formation groupée (ils doivent utiliser 10% de la surface de la scène) joue comme dans les années 90. C’est le véritable début de ma soirée. Sourire jusqu’au lèvres.

Le tweet que vous avez manqué pour cause de réseau saturé :
Sebadoh, première grosse claque rock’n’roll de la Route du Rock (Anika j’ai pas adoré, donc). #rdr2011

Le truc dommage : ils n’ont pas joué Flame.

Rattrapage : le concert de Sebadoh filmé par Arte Live Web

Electrelane

D’Electrelane, j’avais à moitié raté le dernier passage à la Route du Rock (en 2007, je crois) pour cause d’arrivage en retard, comme d’habitude (si tu ne vois pas de quoi je parle, tu peux relire le début de ce post). J’en avais donc vu un gros quart d’heure, juste assez pour me dire qu’il allait falloir rattraper ça. Un plan magnifiquement tombé à l’eau, pour cause de split du groupe. Reformé, et en grande forme, Electrelane a fait un retour triomphal cette année, avec, à mon avis, le meilleur concert de la soirée (là je spoile un peu la fin de ce billet, mais bon).

Avec leur look d’anglaises sages, les quatre filles ont délivré un set sans temps morts. Malgré quelques gimmicks un peu répétitifs (les changements de tempo un peu téléphonés, par exemple), les morceaux sont parfaitement taillés pour la scène. Le groupe a l’air vraiment content d’être là, et surtout de jouer avant Mogwai (“One of our biggest inspirations”). Jusqu’à l’énorme faute de goût.

Le tweet que vous avez manqué pour cause de réseau saturé :
Énorme set d’Electrelane. Le saxophone, là, par contre, ça fait un peu trop Gerry Rafferty. #bakerstreet #rdr2011

Le concert se poursuit néanmoins superbement, avec même une reprise improbable (et réussie) de Small Town Boy de Bronski Beat (oui, oui, vraiment).

Le tweet que vous avez manqué pour cause de réseau saturé :
La reprise de Small Town Boy ! #electrelane #rdr2011 #priceless

Le concert se termine aussi beau qu’il a commencé, le public est amoureux. Mogwai va devoir assurer.

Le tweet que vous avez manqué pour cause de réseau saturé :
Electrelane : petit coeur avec les doigts. #rdr2011

Rattrapage : Arte Live Web a filmé le concert d’Electrelane, mais il n’est pas disponible, là maintenant. Mais bientôt, donc je te mets quand même le lien. Patience.

Mogwai

Le début de concert un peu mou lève quelques inquiétudes (chez moi, en tout cas). Simple retard à l’allumage, visiblement, puisque après trois au quatre morceaux, Mogwai va poursuivre son set pied au plancher. Le groupe joue moins fort que ce que certains attendaient (ou craignaient) (beaucoup moins fort qu’Aphex Twin, par exemple -deuxième spoiler), mais n’échappe pas à quelques répétitions. Oui, je sais, ça fait partie du truc. Le concert s’achève, pour moi, avec un petit goût d’inachevé. Le sentiment que ça aurait pu être encore mieux.

Le truc bien : ils ont joué Hunted by a Freak, la soirée est donc réussie.

Rattrapage : sois patient, Arte Live Web a tout filmé le concert de Mogwai, tu pourras bientôt le regarder.

Suuns

Mon petit coup de fatigue (un jour je te parlerai de mes nombreux enfants qui m’empêchent de dormir la nuit) après trois très bon concerts va un peu desservir Suuns. J’ai écouté le concert d’une oreille distraite en bavardant pendant un quart avant de me décider à aller voir de quoi il retournait vraiment. Et je ne le sais toujours pas. Parfois très (gros) rock, parfois un peu dansant, mais avec toujours une voix insupportable (oui, j’aime les jugements péremptoires). Pas mon truc donc.

Rattrapage : tu veux savoir si la fatigue m’a fait passer à côté d’un super concert ? Hop, Arte Live Web a bien sûr filmé Suuns.

Étienne Jaumet

La petite scène est une bonne idée. Dans le temps (en 1999, peut-être), c’était dans un chapiteau au fond du fort (où il y a aujourd’hui le stand Bonobo, tu vois le genre) que j’avais vu Michel Houellebecq (ouais, ouais) accompagné de Bertrand Burgalat, Eiffel et Peter Von Poehl. D’ailleurs, tu ne le sais peut-être pas, mais l’album Présence Humaine de Michel Houellebecq est un merveilleux album injustement méconnu. Là, tu te demandes pourquoi je te prends la tête avec l’autre, là, Houellebecq, au lieu de te dire comment c’était, Étienne Jaumet. À ton avis ? Parce que je n’y étais pas, c’était tout calme, je risquais l’endormissement spontané.

Le truc à noter, quand même : j’ai cru voir un saxophone, sur l’écran. Ça ferait deux dans la même soirée. La Route du Rock va mal.

Rattrapage : ah non, y a pas.

Aphex Twin

La grande inconnue de la soirée. Je connais finalement assez peu Aphex Twin. Des tubes aux clips géniaux (Windowlicker et Come to Daddy), des morceaux tous calmes aussi géniaux (Avril 14th et Nanou (face B de Windowlicker, le seul disque d’Aphex Twin jamais acheté) et quelques trucs aux rythmiques tordues (genre Bucephalus Bouncing Ball que j’avais adoré sur la BO de Pi, le premier film de Darren Aronofski).

De tout ça, il ne fut pas question. J’ai trouvé le set d’Aphex Twin bêtement bourrin, beaucoup trop fort (j’ai sorti les bouchons d’oreilles, même, tu vois). Les écrans géants en fond de scène sur lesquels sont insérés le visage grimaçant (signature d’Aphex Twin) sur les têtes des spectateurs filmés en direct, s’ils sont une bonne application des algorithmes de reconnaissance faciale, occupent dix minutes, mais il n’y pas non plus de quoi passer la soirée. Il est 3:42, le concert n’est pas fini, mais il est temps de rentrer à Rennes. La suite demain, avec les Kills (j’aime les Kills, genre beaucoup).

Rattrapage : il n’y avait malheureusement rien à rattraper dans ce set…