CSS et évolutivité

Cet article est une traduction de l’article d’Adam Morse (@mrmrs_) intitulé CSS and Scalability. Le terme “scalability” n’a pas d’équivalent évident en français. Il fait référence à l’utilisation de CSS sur des projets qui évoluent, qui grandissent. Kaelig Deloumeau-Prigent parle de CSS “maintenables”, dans son livre du même nom, pour évoquer des problématiques comparables. J’ai choisi de traduire “scalability” par “évolutivité”.

Il y a plusieurs années, je me suis demandé comment les utiliser les CSS sur des projets de grande envergure. Quand j’ai commencé, il y avait beaucoup moins de ressources sur le sujet qu’aujourd’hui. Il y avait quelques livres que des amis m’avaient prêtés et deux ou trois articles de blog intéressants. Mais les CSS étaient encore un sujet relativement récent et la plupart des gens n’avaient pas encore commencé à réfléchir sérieusement ou à découvrir par la pratique les concepts de maintenabilité lors du travail d’équipes sur de grosses applications web.

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The Lost Art of Making a Mixtape

«A good compilation tape, like breaking up, is hard to do and takes ages longer than it might seem. You’ve got to kick off with a killer, to grab the attention. Then you’ve got to take it up a notch, or cool it off a notch…oh, there are a lot of rules.»

― Nick Hornby, High Fidelity

Dans la longue liste madeleine de proustienne des trucs que les jeunes d’aujourd’hui ne connaitront jamais, je voudrais la mixtape… Cette compilation de chansons choisies avec amour, dans l’espoir, rarement récompensé, avouons-le, d’attirer l’attention d’un membre du sexe opposé (ou identique).

Une cassette vierge

Combien d’heures passées à chercher dans une pile de disques les parfaites perles pop, celles qui s’écoutent comme un Sunday se mange, dont les paroles, murmurées par un songwriter à tendance suicidaire, sauront transmettre à l’oreille attentive le message qu’une infranchissable timidité empêche le compilateur trop sensible de prononcer. Le tout avec un peu de subtilité, ce qui explique le peu de succès de «I Want Your Sex» de George Michael dans cet exercice.

Combien d’heures passées à se demander s’il vaut mieux mettre «Seeing Other People» de Belle and Sebastian avant ou après «The Flowers of Guatemala» de R.E.M. ?

Combien d’heures passées au téléphone, celui avec un cadran et un fil qui se tortille, à appeler, en tournant les feuilles du répertoire (celui avec le bord des pages découpé comme un virage en épingle à cheveux, pour que l’on puisse facilement retrouver les lettres de l’alphabet) à appeler tous les copains pour en trouver un qui aurait le 45 tours de «Hotel California» ou «Don’t Cry». Pas le genre de chanson sur lequel on pose les bases d’une relation solide, sauf à la voir marquée du sceau infamant du mauvais goût et du rock FM. Mais ça, à l’époque, personne ne nous l’avait dit.

Ce parcours du combattant achevé, il fallait ensuite copier une à une les chansons, succession répétitive de RECORD – PLAY – PAUSE – STOP – EJECT… Les plus extrémistes, une fois la face A enregistrée, démontaient la cassette pour couper la longueur de bande inutile et s’assurer qu’il n’y aurait pas 10 minutes de blanc à passer en avance rapide avant de démarrer la lecture de la face B. Une délicate attention malheureusement condamnée à passer inaperçue.

Avouons-le, même moi je n’ai pas vraiment connu cette époque. Quand je me suis lancé dans les compilations maison, la cassette était déjà bien morte et les graveurs de CD se démocratisaient. La partie manuelle du travail se résumait à quelques «glisser / déposer» du dossier mp3 vers la fenêtre du logiciel de gravure, Nero Burning ROM (Néron. Brûler. Rome. Il y a un jeu de mot). En échange de la perte d’une certaine dimension poétique de ce travail d’orfèvre, l’esthète qui sommeille en chaque amoureux (ou presque…) disposait de 144cm2 de liberté pour tenter de créer une pochette à la hauteur de son contenu.

Des pochettes artisanales de CD

Ouais, je fais mon vieux con, sur l’air de c’était mieux avant. Et tu te dis que j’ai l’air bien trop jeune pour ça. C’est gentil mais la photo en bas de l’article date un peu. OK, tu es allé regarder la photo. Et tu es revenu, c’est déjà ça. Je fais mon vieux con, donc, disais-tu… (En fait, je sais que c’est moi qui le disais, ne vas pas poser trop vite de diagnostic sur mon état mental.) Sauf que, crois-moi, C’ÉTAIT MIEUX AVANT. Pas pour tout, hein. Mais pour ça.

Fini le romantisme, le cloud a tout emporté. Plus besoin, aujourd’hui de chercher parmi des CD éparpillés en piles de hauteurs variables à l’équilibre précaire ou bien consciencieusement classés (par ordre alphabétique puis chronologique). Plus besoin d’acheter des CD-R (qui achète encore des CD «gravables» ?). Plus besoin de feuilleter de vieux numéros des Inrocks pour trouver la photo qui, découpée, servira de base à la pochette parfaite.

Aujourd’hui, tous les morceaux du monde sont disponibles sur Spotify. Non que je m’en plaigne : c’est pratique, Spotify, pour trouver ce morceau qu’on a envie d’écouter, là, maintenant, et qu’on n’a pas acheté. Et que de toute façon on n’achètera jamais, l’album est nul, tu l’as lu sur un blog. Ou alors pour écouter de la musique, au boulot, sans amener une dizaine de CD tous les matins.

Avec Spotify, en plus, on peut faire des playlists. Et on peut les partager. C’est plutôt pratique, en soi. On peut récupérer la playlist XFM top 1000 of all time et écouter 882 morceaux pop/rock pendant 2 jours. Mais franchement, tu te vois coller ton lien Spotify dans Facebook comme un vulgaire poke ? Et tu imagines vraiment que la fille, là (ou le mec, hein, n’essaie pas de ruiner mon raisonnement), va se dire «Oh, quelle délicate attention, il a probablement passé tout son dimanche à faire ça rien que pour moi !» ? Alors que, si ça se trouve, tu l’as balancé à 79 meufs identifiées comme potentiellement célibataires, parce que là on est samedi et qu’il 19 heures. [Note pour plus tard : trouver un jeu de mot avec célibatard, essayer de le revendre à un humoriste connu] [Bof, Booba l’a probablement déjà fait] Tu le vois, dans ta playlist, le romantisme ? La délicatesse de l’orfèvre ?

Spotify, c’est Henry Ford, la production de masse et la distribution à grande échelle. Imaginez : on peut créer une playlist (une sorte de mixtape de bas étage, donc) et la partager, ni vu ni connu avec tout un tas d’inconnus (ou de connus, d’ailleurs), sans effort supplémentaire. Comme ça. Voilà, c’est fait. Avec le streaming, l’art délicat et romantique de la compilation passe de l’artisanat à l’industrialisation. Et perd en chemin sa grâce et sa noblesse.

«I spent hours putting that cassette together. To me, making a tape is like writing a letter – there’s a lot of erasing and rethinking and starting again, and I wanted it to be a good one…»

― Nick Hornby, High Fidelity

J’ai acheté des disques (sur Amazon)

J’aime bien acheter des disques. Des trucs ronds en plastique, dans un emballage en plastique. Enveloppé dans un film en plastique. Dans des magasins. Des vrais, avec des murs, des caisses et des vendeurs.

Si on compare à mes folles années d’étudiant, pendant lesquelles une ligne sur deux de mon relevé bancaire témoignait de mon attirance irrépressible et compulsive pour les disques, je ne suis plus vraiment un bon client. N’empêche que, quand l’envie m’en prend, j’aime bien pouvoir acheter ce que je veux. Et vite (c’est pour ça qu’un dimanche, j’ai acheté un album sur iTunes. C’était «Them Crooked Vultures» de, euh, Them Crooked Vultures. J’ai trouvé ça nul, y avait pas de livret, ni de pochette. Rien. La musique était pas mal, sinon. En même temps, y a Dave Grohl et Josh Homme dans le groupe, donc bon. Elle est longue cette parenthèse, hein ?).

Donc aujourd’hui, j’ai foncé, à l’heure de la pause repas, ce truc qui ne sert à rien, à la FNAC. La nouvelle FNAC de Rennes, inaugurée en grandes pompes il y a quelques mois. Avec son très beau rayon Apple et tout. Et aussi un rayon disques. Petit. Tout petit. Ridicule, en fait, comparativement à la superficie générale du magasin. Je cherchais quatre disques : «Yoshimi Battles The Pink Robots» des Flaming Lips, «Absent Friends» de Divine Comedy et «Accelerate» et «Collapse Into Now» de R.E.M. (ne me blâme pas, ce sont les deux que je n’avais pas et je sais que c’est ridicule de les acheter maintenant, 24 heures après l’annonce). Et ils ont quoi à la FNAC parmi cette sélection pas vraiment hyper underground ? Un seul album, celui de Divine Comedy. À 21€. Bien décidé à repartir avec quatre disques ou rien, je ressors du magasin complètement zen.

Je ne suis pas super calme en sortant de la FNAC.

Je fonce donc chez Virgin. Un seul album disponible, «Collapse Into Now» de R.E.M. 16.90€ (tarif nouveauté. ah ah). Heureusement, 4 ans de pratique des arts martiaux (centure bleue de Judo, en primaire) m’ont forgé un mental d’acier.

Je ne suis pas super calme non plus en sortant de Virgin.

Résultat, j’ai passé commande sur Amazon, à peine revenu au bureau. Bien joué les gars. En fait, oui, bien joué. Faisons un peu de data journalisme, pour voir (en plus ça ne peut que jouer en faveur de ma crédibilité).

The Divine Comedy - «Absent Friends»

À la FNAC : 21€
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.80€

The Flaming Lips - «Yoshimi Battles The Pink Robots»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 7.31€

R.E.M. - «Accelerate»

À la FNAC : non
Chez Virgin : non
Sur Amazon : 6.98€

R.E.M. - «Collapse Into Now»

À la FNAC : non
Chez Virgin : 16.90€
Sur Amazon : 15.61€

Voilà. En magasin, pour 37.90€ tu as deux disques, et tu es un peu énervé. Trois fois rien. Sur internet, pour 37.76€, j’ai eu mes quatre albums. Alors, oui, je vais les attendre quelques jours. Mais ce n’est pas si grave, finalement.

Love Is All Around

DISCLAIMER J’ai ce billet dans la tête depuis quelques temps déjà. Il a été sans cesse repoussé pour de fallacieuses raisons (des sujets qui paraissaient plus enthousiasmants sur le moment, la flemme d’entamer un post à une heure du matin, etc.). Malheureusement, alors qu’il devait être assez intemporel, l’annonce aujourd’hui de la séparation de R.E.M. en fait quasiment un sujet d’actualité.

Une reprise c’est facile. Tu trouves une chanson. De préférence pas trop pourrie. Et même, si c’est déjà un tube c’est bien aussi. Et puis tu la rejoues. Mais parfois, ça se joue à pas grand-chose, la reprise touche au sublime. Et «Love Is All Around», jouée par R.E.M. pendant leur MTV Unplugged de 1991 est la meilleure reprise du monde. Je le sais, c’est marqué dans le titre de la vidéo sur Youtube. Et c’est vrai.

Il faut beaucoup de chance pour réussir une reprise. C’est un truc un peu magique. La tablature trouvée sur Ultimate Guitar ne suffira probablement pas. Une reprise, ce n’est pas juste rejouer note pour note un morceau. Au mieux, tu vas réussir et ce sera juste vain. Et si tu te rates…

Réussir une reprise, c’est se l’approprier. Ce qui nécessite déjà d’avoir un univers musical. Ça permet de faire le tri. C’est pour ça que les meilleurs reprises sont souvent l’œuvre de groupes pas trop mauvais à la base avec leurs propres chansons. Au débotté, on pourra citer «Hey Joe» du Jimi Hendrix Experience (c’est une reprise. Google sait une reprise de qui. Moi pas). Les derniers albums de Johnny Cash sont essentiellement constitués de reprises merveilleuses comme le divin «Hurt», emprunté à Nine Inch Nails. Nirvana, qui a fait découvrir «Where did you sleep last night» a un paquet d’adolescents devenus vieux (c’est de vous, que je parle, oui) a parsemé son «Unplugged In New York» de reprises comme «Jesus Don’t Want Me For A Sunbeam» des Vaselines. Qui peuvent remercier Kurt Cobain.

Lors de son MTV Unplugged de 1991, R.E.M. va, comme tout le monde, sortir quelques reprises de son chapeau. «Moon River» (de Henry Mancini, sur la BO de «Breakfast at Tiffany’s») est une des chansons les plus reprises du monde (source : moi). «One» de U2 est une énorme faute de goût (vous allez faire comme si je ne vous en avais pas parlé). Et «Love Is All Around», donc. «Love Is All Around» est une chanson des Troggs, qui a connu son petit succès en 1967 en entrant dans le Top 10 des charts US et UK. Mais toi tu la connais parce que Wet Wet Wet en a fait une espèce de truc larmoyant sur la BO de «Quatre Mariages et Un Enterrement». Et tu as aimé, ça, avoue. Tu étais jeune. Mais quand même.

R.E.M. a joué «Love Is All Around» comme ils auraient joué une de leurs propres chansons. Avec Mike Mills (le (génial) bassiste) au chant. Michael Stipe se contente de faire paa papapapa pa pa pa pendant trois minutes. Et il y a de la mandoline, aussi (nous sommes en 1991, Peter Buck met de la mandoline partout). Et ce sont ces ingrédients improbables (papapapa et mandoline, donc) qui rendent la chanson belle. (Qu’est-ce que c’est que cette phrase larmoyante ? On dirait du Wet Wet Wet.).

Trêve de bavardages. «Love Is All Around»

Voir Ceuta

Je ne connais pas Loïc H. Rechi. Mais pendant quelques semaines, avant la rentrée, son compte Twitter @abstraitconcret (renommé ensuite @LoicHRechi) a été une des vraies raisons d’aimer Twitter, comme outil d’ouverture sur autre chose.

Nan, parce que je vous connais. Le LOL, toussa. Vous êtes comme tout le monde et je ne vous blâme pas. Ce serait mal venu de ma part. Je suis tombé sur le compte @abstraitconcret un peu part hasard. Il faisait partie de ces comptes cent fois entr’aperçus au détour d’un #FF ou d’un RT. Mais au mois d’août, alors que le Twittos transpire sur la plage ou dans une salle de rédaction (selon qu’il soit en CDI ou pigiste, parce que le twittos est journaliste, ne l’oublie pas), Loïc est parti bronzer à Ceuta.

Je ne vous demande pas de remonter cinq semaines de timeline, hein, ça va un peu à l’opposé de l’usage de Twitter (encore que…). Mais ça ressemblait à ça.

Si tu as un peu plus écouté que moi à l’école, tu sais peut-être que Ceuta est une ville espagnole, située à 15 Km de Cadix. Mais en Afrique. Car Ceuta est enclavée dans le Maroc.

Ce que Wikipedia ne te dira pas, c’est que par son statut de territoire européen en Afrique, Ceuta attire de nombreux candidats à l’exil, qui se trouvent bloqués par le mur qui sépare Ceuta de l’Afrique. Et pour ceux qui parviennent à pénétrer la cité, il y a la mer qui sépare Ceuta de l’Europe. Coincés dans ce quelque part au statut incertain, les migrants attendent une porte de sortie. Vers l’Europe, hypothétiquement. Vers leur pays d’origine, plus probablement.

Loïc H. Rechi, tu l’as bien compris, n’est pas parti à Ceuta faire du tourisme (ni pour le plaisir de tweeter, si tu te demandes). Il est parti tourner un documentaire sur Ceuta et ceux qui y vivent. Aujourd’hui, pour boucler ce documentaire , il organise une collecte afin de réunir les fonds nécessaires à la postproduction et à la projection de «Ceuta, douce prison». Alors tu es gentil, je te demande jamais rien, tu cliques sur le lien. Tu lis, tout. Et ensuite, tu es grand, je te laisse voir si ça te parle. Moi ça m’a parlé.

Merci de votre attention, et promis, on recommencera bientôt les posts avec des blagues dedans.

J’ai acheté des livres

Longtemps, je me suis couché tard. Dès que j’ai su lire, j’ai été un lecteur compulsif, et j’ai englouti tous les livres qu’on a pu me mettre entre les mains.

Mes parents, qui tentaient de limiter mes lectures (pour préserver mes nuits de petit garçon, hein, pas pour me martyriser) n’ont pas pu lutter contre l’arme ultime à laquelle ils m’avaient involontairement donné accès. Cette arme, c’était le placard de ma chambre. Une vraie pièce avec une porte et une ampoule, l’endroit idéal pour se cacher avec un livre. Sans qu’un rayon de lumière ne me trahisse en passant sous la porte. J’ai donc pu passer mes nuits à lire Fantômette et le Club des Cinq (je pense réellement avoir lu tous les volumes de la Bibliothèque Rose disponible à mon époque).

Deux pages du livre pour enfant «Il y a un cauchemar dans mon placard» de Mercer Mayer

Il y a un cauchemar dans mon placard de Mercer Mayer parle d’une chambre d’enfant avec un placard dedans. Ce livre semble donc particulièrement indiqué pour illustrer cet article.

Ensuite, quand tous les livres pour enfant des amis de la famille ont été lus, les portes de la bibliothèque municipales m’ont été ouvertes. Là aussi, j’ai consciencieusement épuisé les rayonnages, lisant tout ce que je pouvais trouver. Et même ce que je n’aurais pas dû trouver. Je me souviens ainsi avoir pendant deux semaines d’un été, lu un tome par jour de Mission Terre. Mission Terre est une saga de science-fiction en 10 tomes (et plus d’un million de mots !) écrite par L. Ron Hubbard. Oui, le fondateur de la Scientologie lui-même. Dans mon souvenir, il était plus largement question d’orgies homosexuelles avec des enfants que de voyage dans l’espace. Complètement adapté à un gamin de 11 ans, quoi.

J’ai ensuite développé une longue série d’obsessions pour des auteurs dont j’ai lu et relu l’intégralité de l’œuvre, et que j’ai continué à suivre au fur et à mesure de leurs publications. Dans un ordre à peu près chronologique, il y eu J.R.R. Tolkien, Umberto Eco, Michel Houellebecq (qui ne répond plus au téléphone, toute la France retient son souffle), Bret Easton Ellis et Frédéric Beigbeder.

Et puis l’âge aidant, et les occupations changeant (genre, se lever le matin POUR ALLER TRAVAILLER), j’ai arrêté de lire. De façon sans doute assez pernicieuse et sans m’en rendre compte. La révélation m’est venue avec Umberto Eco, en 2005. J’ai été incapable de lire, et même d’entamer sérieusement La Mystérieuse Flamme de la reine Loana. J’étais devenu trop con pour lire un bouquin un peu sérieux.

Alors non, je n’avais pas complètement arrêté de lire. Je faisais parfois de brèves tentatives de redémarrages, à base de polars pas trop compliqués. De semi-échecs (ou de semi-réussites) : j’ai lu tout Robert Crais en quelques semaines, mais cela n’a pas suffit a vraiment relancer la passion. J’ai quand même, pendant ces années, lus quelques vrais bons bouquins, écrits par le même groupe d’auteurs. J’ai ainsi adoré Lunar Park et Suite(s) Impériale(s) de Brett Easton Ellis, La Carte et le Territoire de Houellebecq ou Le Maître des Illusions de Donna Tartt. Mais j’ai bloqué sur La Possibilité d’une Île de Houellebecq (en 2005 puis en 2011). Et je n’ai pas lu les trois derniers Beigbeder, qui m’attendent, sages et sans doute un peu tristes, dans la bibliothèque.

Et puis, sur Twitter, j’ai suivi, pour des raisons différentes, @elifsulavraie, @lafillelabas ou @JSZanchi. Eux n’ont pas lâché (je les soupçonne d’être encore jeunes, aussi, avec pour certains, pfff… 3 ans de moins que moi). Eux lisent encore. Et ils en parlent.

@JSZanchi a live-tweeté sa lecture de Lolita de Nabokov. Et tous ont su, à un moment ou un autre, éveiller mon intérêt pour un livre. Le tout en assez peu de temps pour que je me lance ce midi dans une quasi-shopping spree à la librairie (et à la FNAC, aussi, pour le dernier).

J’ai donc acheté quatre livres en même temps, je ne sais pas si ça m’était déjà arrivé, hors BD.

Quatres livres

Le MacBook Pro, derrière, c’est pour parfaire ma crédibilité de blogueur

Limonov d’Emmanuel Carrère

D’après mes sources (la quatrième de couv’, donc, ça parle d’un Russe revenu de tout, après de nombreuses aventures. Mais aussi, ça parle de notre monde depuis la Seconde Guerre mondiale. On va bien voir.

Le Ravissement de Britney Spears de Jean Rolin

Acheté par @virginielasnob. Les pérégrinations d’un agent minable des Services Secrets Français pour faire échouer un hypothétique complot terroriste visant à enlever Britney. Raconté comme ça, c’est soit génial, soit catastrophique. Les deux versions pourraient me plaire.

Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati

Acheté par @virginielasnob et vu à la télé. J’aime bien le personnage de Simon Liberati, qui a quand même l’air passablement allumé. Il vend plutôt bien son bouquin, avec une certaine désinvolture qui plait à mon côté slacker. Et le bonhomme est adoubé par Beigbeder. Je vais commender par celui-là, je pense. Ah, et au niveau de l’histoire, ben c’est celle de Jayne Mansfield, quoi. Comment elle vécu, comment elle est morte.

Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll

Cité par @elifsulavraie et @lafillelabas, celui-ci fait figure d’intrus sur la liste. Les deux filles m’ont confirmé que, non, il n’était pas trop tard pour le lire. Je ne sais pas s’il est au programme du collège cette année, mais j’ai eu du mal à trouver une version en poche qui ne soit pas commentée. Je pense que je vais pouvoir m’en tirer sans.

Bon, le plus dur reste à faire. Il va falloir lire tout ça. J’espère qu’en fait ça ne le sera pas, dur. Et je compte sur les @ cités ici pour me tenir la main si je rame un peu. Je commencerai demain. Là, je vais me coucher.

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Outline

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Those treated with eleviating pain

Rundown

Despite the individuals experiencing chemotherapy found in a fake

You All Sound The Same To Me

Où l’on aurait pu citer Joseph Macé-Scaron, mais franchement, ce serait un peu minable. Et puis je l’aime bien, moi, Macé-Scaron. Il a l’air sympa. Mais vraiment, quoi. Nan, laisse tomber.

Composer des chansons, les plus grands scientifiques l’ont dit, vous rendra irrésistible auprès des membres du sexe opposé. Si, c’est vrai : ils l’ont même dit tout à l’heure dans Bref (la série). (Ouais, vas-y, tu peux regarder l’épisode, mais tu reviens). (C’était bien ?) (Vous aussi vous trouvez que je mets trop de parenthèses ? C’est un défaut à moi que j’ai.)

Bon, même moi je ne sais plus où j’en étais, donc te fatigue pas à relire, je résume :

  • Les scientifiques l’ont dit : «Écrire des chansons, c’est cool.»
  • Mais le poète a un peu contrebalancé ça en précisant au novice que, écrire des chansons c’est dur : «J’ai trop saigné. Sur les Gibson» (Jean-Jacques Goldman, ouais, je fais ça pour élargir l’audience du blog).

Et pourtant, j’en connais qui se donnent moins de mal que les autres. Qui recyclent le mal que les autres se sont donnés. Oui, tu vois où je veux en venir et je vois l’opprobre dans tes yeux, prête à se jeter sur les ignobles coupables. Médite un peu sur cette image, veux-tu. Tu la vois, l’opprobre tapie dans les yeux ?

Alors, je sais, avec un nombre de notes limité, on ne peut composer qu’un nombre limité de mélodies. Sauf à envisager des mélodies composées d’un nombre de notes illimité, mais là, vous êtes tordus, quand même. Et non, je n’ai pas de preuve. Et oui, parfois le hasard. Et bon, le doute devrait profiter à l’accusé. Mais si tu crois que ça va m’empêcher d’en dénoncer quelques-uns en place publique. Ah ah.

Surtout que découvrir un honteux plagiat, du genre note-à-note, vraiment tout pareil, ça ne se fait pas sans un petit pincement en coeur, un brin de colère ou un sentiment de déception. Ouais, mec : tu as été trahi par un petit rigolo qui se croyait plus malin que toi. Mais bon, on peut la faire à l’envers à un directeur artistique de chez Universal, qui n’y connait rien en musique (y avait pas «Musique» donc son école de commerce de province à 30 plaques) (je ne sais pas ce que ça fais «30 plaques», mais tu vois le genre). Mais toi, c’est autre chose.

Pourtant au début, tu l’aimais bien, cette chanson. Même, tu avais appris à la jouer à la guitare. C’était la seule qu’on pouvait jouer à la guitare acoustique, comme ça, en solo. Elle s’appelait «Run Wild» et c’était la dernière chanson de «Get Ready» l’album de New Order sorti en 2001.

Pochette de l'album Get Ready par New Order

Elle est bien, hein ? Mais un jour j’ai entendu ça :

Ouais, elle est bien aussi. Tu m’étonnes, c’est les mêmes couplets. La guitare, la mélodie vocale. Même le mini-riff pour commencer. Et «Testimony» de Grant Lee Buffalo est sorti en 1998, sur l’album «Jubilee». Bon, tu as failli te faire avoir, tu es un peu vénèr’. Mais parfois, tu es vraiment très énervé. Quand une chanson que tu adores, une perle injustement méconnue, se retrouve copiée sans vergogne.

Cette chanson c’est «88-92-96» de SIX.BY SEVEN. Cette chanson est belle, c’est tout. Elle est sortie en single en 1997 et tu peux la trouver sur leur album de 1998, «The Things We Make» (régulièrement disponible sur eBay pour une bouchée de pain).

Pochette de l'album The Things We Make de SIX.BY SEVEN

Tu peux la ré-écouter, je t’attends.

Tu as même la larme à l’œil. Non, ne te cache pas, ce n’est pas grave. J’aime bien les lecteurs sensibles. Et puis c’est quand tu vas voir ce que ces sagouins en ont fait que tu vas vraiment pleurer. Les méchants, là, c’est Hushpuppies. Ouais, des français. Leur single «Down Down Down» est basé sur le riff de SIX.BY SEVEN. Ça ne s’entend pas trop sur la version Radio edit. Mais dans la version originale, ils ont mis une intro. Ils auraient pu mettre un sample, ça aurait été plus vite au mixage.

Ouais, c’est dur. Alors, je sais, tu te dis que mon SIX.BY SEVEN, là, c’était pas non plus le carton du siècle, le hasard, tout ça. Déjà, je t’ai dit au début que je serais sans pitié, alors le hasard on va oublier. Et puis les gars de Hushpuppies, ils ont vaguement mon âge. Et si, à 20 ans, tu t’intéressais un peu à la musique (genre tu écoutais Lenoir et tu lisais les Inrocks, on n’est pas non plus aux tréfonds de l’underground) tu connaissais SIX.BY SEVEN. Et si tu as pompé «88-92-96», même pour en faire juste une intro (au contraire, d’ailleurs, c’est une circonstance aggravante d’avoir eu aussi peu de respect pour ces quelques notes de guitares qui sont plus belles qu’un paquet d’album que je connais) et bien tu es un gros minable. C’est tout. Mais c’est déjà la honte.

Voilà, comme d’hab je ne me suis pas (trop) relu, je te fais confiance pour signaler les fautes d’orthographe dans les commentaires, espèce de hater. Et si, toi aussi, ton cœur a saigné en attendant un plagiat mal déguisé par des imprudents, fais-toi plaisir : dénonce, personne ne t’en voudra.